Meryem, exilée ouïghoure en Norvège

#Ouïghours #nationalité #Norvège #exil #Turkestan_oriental #Chine #Xinjiang #langues

4 mai 2025

 

Hi, my name is Meryem [1] and I’m 18 years old. Today I want to talk about my journey to Norway and my experience as an emigrant Uyghur from East Turkistan.

Salut, je m’appelle Meryem et j’ai 18 ans. Aujourd’hui, je souhaite parler de mon voyage en Norvège et de mon expérience en tant qu’émigrante ouïghoure du Turkestan oriental.

 

Un témoignage recueilli par Iker Bonabosch

Étudiant politiste en Master à l’Université Paris Nanterre

 

Coordination éditoriale :
Isabelle Saint-Saëns & Philippe Rekacewicz.

En 2023, j’ai recueilli le témoignage d’une étudiante ouïghoure exilée en Norvège. Notre discussion a été traduite de l’anglais vers le français [2].

Le Turkestan oriental est un territoire multi-ethnique d’Asie centrale, situé à l’est du Kazakhstan. Officiellement nommé « Xinjiang » par la République populaire de Chine, celle-ci l’administre sous le statut de « région autonome ».

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Composition ethno-linguistique de la Région ouïghoure et de sa frontière occidentale.
Sources : Atlas of the people’s Republic of China, Foreign languages Press, Beijing, 1989 ; Jacques Leclerc, Aménagement linguistique dans le monde, université de Laval, Québec, Canada ; Central Intelligence Agency (CIA), Maps and publications, Washington DC ; Recensement chinois de novembre 2000 ; ChinaOnline, Chicago.
Carte : Philippe Rekacewicz, février 2002 [mise-à-jour partielle en 2025].

Son nom « Turkestan oriental » est popularisé au XXe siècle par les mouvements locaux indépendantistes, qui voient dans le rattachement à un toponyme turcique une manière de s’opposer à la domination chinoise.

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Carte approximative du Turkestan, Asie centrale.
Le Turkestan est une région dont la conception du périmètre change selon l’époque et selon l’agente. Les sentiments nationaux et d’indépendance dans la Région ouïghoure diffèrent du panturkisme : l’adhésion à la formation d’un État qui s’étendrait au-delà des frontières du Turkestan oriental n’est ni vérifiée dans les premiers stades du mouvement (Millward 2021 : 225) ni collectivement partagée ensuite.

En novembre 1933, la proclamation de la république islamique turque du Turkestan oriental (RITO) consacra le nom, malgré sa brièveté. Ce para-État pluriethnique, centré sur la ville de Kashgar [3] à l’ouest, fut renversé en mars 1934 par des seigneurs de guerre hui [4] (Forbes 1986 : 121-23 ; Roberts 2020 : 36).

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Une mère ouïghoure avec son enfant regarde les troupes hui s’entraîner, à Khotan, 1937.
Photographie tirée du livre de Forbes (1986 : 133).

En septembre 1944, la révolution des trois districts [5] éclata à Yili, Tarbaghatai et Altai. Elle mena à la proclamation de la république du Turkestan oriental [6] (RTO), au nord cette fois-ci.

Cinq ans plus tard, Mao Zedong (毛泽东) proclama la république populaire de Chine (RPC). À la mi-octobre 1949, le Parti Communiste Chinois déploya l’Armée populaire de Libération (APL) dans le sud de la Région ouïghoure, contrôlé par le Kuomintang [7]. L’APL s’empara ensuite progressivement du nord de la région (Millward 2021 : 228-33 ; Roberts 2020 ; 42).

En octobre 1955, la RPC créa la « Région autonome ouïgoure du Xinjiang ». Ce nouveau statut administratif semble consacrer son autonomie : la région est dotée d’un conseil provincial propre, présidé par l’ouïghour Saif al-Dīn ʿAzīz (Saïypidin Äzizi), l’un des dirigeants de la « révolution des trois districts »... De fait, le pouvoir fut subordonné au général Wang Enmao, commandant de la Région militaire du Xinjiang [8] [9] (Millward 2021 : 235-239 ; Chung 2018).

Quand j’entends ce terme, le « Turkestan oriental », je pense à sa puissance de contre-feu :

I actually grew up in East Turkistan, which is known being in China.

En fait, j’ai grandi dans le Turkestan oriental, qui est connu pour être en Chine.

...Ce terme suffit à extraire du récit national chinois l’histoire particulière de ce territoire.

Il affirme aussi l’opposition du ou de la locuteurice aux politiques et aux mesures de colonisation et de sinisation [10] en cours sur le territoire. L’appellation administrative « Xinjiang » est elle-même un héritage colonial. Ce sont les autorités établies après l’invasion de 1759 par l’Empire des Qing qui lui attribuèrent ce nom (Perdue 2005 ; Leibhold 2019 : 5) lors de l’annexion définitive du territoire en tant que province, à l’année 1884 (Millward 2021) ; « Xinjiang » signifie « nouvelle frontière » en mandarin [11].

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Carte intitulée Xinjiang map
Carte réalisée par l’artiste Sofiya Voznaya. https://www.behance.net/gallery/96509453/Xinjiang-map
Pour Isobel Cockerell, China’s oppression of Xinjiang’s Uyghurs : a visual history, 11 mars 2020.
https://www.codastory.com/surveillance-and-control/china-oppression-uyghurs-history/.

I moved to Norway when I was seven years old in 2011, while my mom has been living in Norway since 2009. The reason my mom came two years before me is because her studies where in Europe and two years later I came through family reunion.

J’ai déménagé en Norvège à l’âge de sept ans, en 2011, tandis que ma mère vit en Norvège depuis 2009. La raison pour laquelle ma mère est arrivée deux ans avant moi est que ses études se déroulaient en Europe, et deux ans plus tard, je suis arrivée par le biais du regroupement familial.

Meryem disait que sa mère avait rejoint la Pologne pour ses études, avant de les poursuivre en Norvège. Les parcours d’exil sont tortueux pour les Turkestanaises de l’Est, ciblées par la répression transnationale. Le poète nothingiste Merdan Ehet’éli, avec qui je me suis entretenu pour l’Institut ouïghour d’Europe en 2021, avait ainsi traversé Chypre, la Turquie et la Serbie, avant de rejoindre la France.

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Population de la diaspora ouïghoure dans le monde
Carte réalisée par le Uyghur Human Rights Project (ouïghour : ئۇيغۇر كىشىلىك ھوقۇق قۇرۇلۇشى ; UHRP) selon leurs propres estimations, Site de l’UHRP, 21 novembre, 2023. https://uhrp.org/report/diaspora/.

When I was younger, I wasn’t aware of the fact that our people suffered under the Chinese government. I had no idea until I came to Norway and got a little older that my mom told me about the things that were going on. She would tell me things like “high educated Uyghur people getting arrested” or “people with high influence being arrested, kidnapped even” its self-expletory, they started to silence our leaders, our authors, our musicians, you name it. Later on in late 2016-2017 they shut the borders for the Uyghur citizens, they had no communication with the outside world what so ever.

Quand j’étais plus jeune, je ne me rendait pas compte que notre peuple souffrait de la politique menée par le gouvernement chinois. Je n’en avais aucune idée jusqu’à ce que je vienne en Norvège et que je sois un peu plus âgée, lorsque ma mère m’a parlé de ce qui se passait. Elle me disait des choses comme « des Ouïghoures très instruites se font arrêter » ou « des gens très influents se font arrêter, kidnapper même », ce qui se passe d’explication. Plus tard, à la fin de l’année 2016-2017, ils ont fermé les frontières aux citoyennes ouïghoures, qui ne pouvaient plus communiquer avec le monde extérieur.

Nisagul Sanubar Tursun. Arzu (Songs of the Uyghurs).
Felmay. Réalisé le 28 mai 2013.

Depuis l’arrestation de l’économiste Ilham Tohti en 2014 [12], une vague d’internements emporte les milieux intellectuels, culturels et universitaires ouïghours (Ramzy 2019 ; UHRP 2019, 2021 ; Hart 2021).

Celle-ci s’étend aux artistes de renom, dont Sanubar Tursun (Harris 2019), Abdurehim Heyit et Ablajan Awut Ayup (UHRP, 2021).

I remember my mom couldn’t get in contact with my grandparents or her sister, even though they could get in touch through social media for example, they had to talk in codes. My mom would ask her parents “how is the weather” which translated to “how is the government over there” my mom would even write letters and hold it up against the camera so my grandparents could read for themselves.

Je me souviens que ma mère ne pouvait pas entrer en contact avec mes grands-parents ou sa sœur, même si elles et ils pouvaient se joindre via les réseaux sociaux par exemple, elles et ils devaient parler en codes. Ma mère demandait à ses parents « comment est le temps ? », ce qui se traduisait par « comment va le gouvernement là-bas ? ». Ma mère écrivait même des lettres et les tenait devant la caméra pour que mes grands-parents puissent les lire eux-mêmes.

Les politiques de répression contre les populations autochtones résidant dans la Région ouïghoure « ne s’arrêtent pas aux frontières de la Chine » (Lemon et al. 2022) :

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Photographie publiée sur le compte X/Twitter de Dilnur Reyhan (@DilnurReyhan), le 8 mai 2024, à 12h08.
Elle tweete : « Actuellement, un groupe de Chinois, avec une voiture noire, devant l’immeuble de la rescapée de camps Gulbahar Jalilova à Paris, sonne son appartement. Jalilova est terrorisée. »
Pratiquement tous et toutes les Ouïghoures vivant en dehors du Turkestan oriental ont subi une forme [...] de répression de la part du gouvernement chinois, qu’il s’agisse d’appels téléphoniques de la police chinoise, de tentatives de blocage des voyages internationaux ou de dangers encore plus graves tels que la détention, l’arrestation ou l’expulsion vers la Chine... »

... a déclaré Omer Kanat, directeur exécutif de l’UHRP [13]. Une enquête publiée par Libération recueille le témoignage d’exilées ouïghoures ayant reçu des colis suspects, des appels sur leurs téléphones, ou qui ont été la cible de chantage administratif, impliquant la famille et les informations personnelles des personnes concernées [14]. Aux États-Unis, les citoyenes ouïghoures se sont vues imposer des conditions arbitraires pour l’obtention de documents officiels [15].

Le 13 mai 2024, la rescapée des camps Gulbahar Jalilova a échappé à ce qui s’apparente à une tentative d’enlèvement à son domicile parisien. Appelées par ses amies, les policieres ont rencontré « une dizaine d’hommes habillés en noir », dont l’un était rattaché à l’ambassade de Chine en France. La présidente de l’Institut ouïghour d’Europe Dilnur Reyhan déclara que Gulbahar Jalilova avait été traumatisée par cet épisode, qui fait écho à une autre tentative d’enlèvement, en Turquie [16].

As a kid it all seemed so unreal, like how is this happening in such a modern world, it was absurd. My uncle, his wife and their son ended up being arrested for educating their son in an Islamic school in Turkey, my uncle was released after 4-5 years while his son, my cousin, is still in prison. Chinese call it « re-education camp » but in reality it’s a concentration camp for Uyghurs. They are innocent people who are getting arrested for no other reason than being Uyghur Muslims.

Enfant, tout cela semblait si irréel, genre comment cela peut arriver dans un monde aussi moderne, c’était absurde. Mon oncle, sa femme et leur fils ont fini par être arrêtées pour avoir scolarisé leur fils dans une école islamique en Turquie. Mon oncle a été libéré au bout de 4 à 5 ans, tandis que son fils, mon cousin, est toujours en prison. Les Chinoises appellent cela un ’camp de rééducation’, mais en réalité c’est un camp de concentration pour Ouïghoures. Ce sont des personnes innocentes qui sont arrêtées pour la seule raison qu’elles sont musulmanes ouïghoures.

La campagne de « rééducation » lancée en 2015 vise à transformer les personnes autochtones en citoyennes chinoises modernes, dont les caractéristiques sont dictées par le régime :

  • « loyauté » à l’État et au Parti ;
  • patriotisme chinois ;
  • renoncement à l’Islam et aux pratiques culturelles relatives aux ouïghoures ;
  • maîtrise du mandarin ;
  • assimilation complète à la culture han (Roberts 2020 : 2-3, 239 ; Zenz 2019b, 2020).

En 2017, les fonctionnaires du Parti communiste chinois (PCC) lancèrent une campagne d’internement de masse (Zenz 2019c, 2019d). L’année suivante, les autorités de la Région ouïghoure ont commencé à construire un vaste réseau de complexes de détention (Fergus et al. 2018), consistant en un ensemble de près de 1300 sites en 2017 (Zenz 2019a, 2019c).

Les spécialistes estiment qu’au moins un million de personnes non-han sont ou ont été internées hors du système carcéral officiel (Hart 2021 : 3 ; Zenz 2019a, 2019d ; Fergus et al. 2018).

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Trois images satellites d’un camp situé près de Dabancheng, en Région ouïghoure.
Images prises sur Google, publiées dans l’article de la BBCWho are the Uyghurs and why is China being accused of genocide ?”, le 24 mai 2022 : https://www.bbc.com/news/world-asia-china-22278037.

Les camps servent souvent de passerelles vers le système carcéral officiel (Zenz 2019c) et vers le travail forcé. Dans ce deuxième cas, ils et elles sont employées dans des usines ou des ateliers construits dans l’enceinte-même du camp, sinon situés à proximité ou vers des « usines satellites » (Roberts 2020 ; Xiuzhong Xu et al. 2020). Ces camps figurent aussi parmi les nombreux lieux où les personnes autochtones peuvent être exposées à une apparente campagne de stérilisations massive, dirigée à leur encontre (Zenz 2020).

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Transferts d’Ouïghoures vers d’autres régions de 2017 à 2020
XU, Vicky Xiuzhong, CAVE, Danielle, LEIBOLD, James, MUNRO Kelsey & RUSER, Nathan. Uyghurs for sale. Australian Strategic Policy Institute’s International Cyber Policy Centre. https://xjdp.aspi.org.au/explainers/uyghurs-for-sale/

Un rapport de l’ASPI publié en 2020 [17] estime que plus de 80 000 Ouïghoures ont été transférées hors de la région ouïghoure vers le reste des territoires administrés par la RPC entre 2017 et 2019, et que certaines d’entre elles et eux y ont été envoyées directement depuis des camps d’internement (voir la carte ci-contre, à droite).

Le thème reste le même que pour les autres campagnes : « briser leur lignée, briser leurs racines, briser leurs liens et briser leurs origines » [18].

Le camp est la « pièce maîtresse » d’un plus vaste « complexe de politiques et de mesures » (Roberts 2020 : 21) visant à détruire l’identité ouïghoure (Hart 2021). Ce complexe inclut notamment un large système de surveillance et d’autres systèmes d’incarcération (Roberts 2020 : 21).

Un consensus émerge entre les spécialistes quant à la nature génocidaire des crimes perpétrés par la République populaire de Chine dans la Région ouïghoure (Hart 2022).

All this had a big impact on me as a person as I grew up. The love for my culture, my traditions, and to get just for my people only grew. It’s really important to me that the younger generations that grow up in a foreign country learn their roots and keep the culture alive. I remember I used to love dancing Uyghurche folkdance and at some point I was a teacher for the younger Uyghur kids in dancing. We have our own community in [the city] where all the Uyghurs meet up and do their traditions together. Like the kids learning the language, writing, and some other traditional things.

Tout cela a eu un impact considérable sur moi en tant que personne à mesure que je grandissais. L’amour de ma culture, de mes traditions et le désir de me consacrer à mon peuple n’a fait que croître. Il est très important pour moi que les jeunes générations qui grandissent dans un pays étranger apprennent leurs racines et gardent la culture vivante. Je me souviens que j’adorais danser la danse folklorique ouïghoure et qu’à un moment donné, j’ai été professeure de danse pour les jeunes Ouïghoures. Nous avons notre propre communauté en ville où tous et toutes les Ouïghoures se réunissent et pratiquent leurs traditions ensemble. Les enfantes apprennent la langue, l’écriture et d’autres choses traditionnelles.

Des initiatives locales émergent au sein de la diaspora pour perpétuer la culture ouïghoure et pour faire vivre cet héritage. À Paris, l’Institut ouïghour d’Europe anime l’École ouïghoure [19] dans des salles prêtées par l’Inalco [20].

As I grew up in Norway I remember having identity crisis because I wasn’t sure of who or where I was from. People in school would ask me where I was from, and I would tell them “I’m form East Turkistan” and they would go “never heard of it, are you sure it’s a country ?” it was always back and forth with this kind of questions. Later I would tell them that I’m Chinese but then they would tell me that my name isn’t Chinese and that I didn’t look Chinese. “Okey, Mr. I know it all. I’m actually from Turkey”, I would tell them. The origin of my name is Turkish, so why not ? However, once again they would come up with responses like “what, Turkish ? But you have small Asian eyes, how could you be Turkish ?” After few years of that, I gave up. Nowadays I just tell people that I’m Norwegian but my background is Uyghur. I still hold on to my culture, language, and traditions, however I have given up on explaining people the whole story, as it takes time besides most of the time people don’t take me seriously when I tell them about the situation in China.

Ayant grandi en Norvège, je me souviens avoir eu une crise d’identité parce que je n’étais pas sûre de savoir de qui ou d’où je venais. Les gens à l’école me demandaient d’où je venais, et je leur répondais « Je viens du Turkestan oriental » et ils me disaient « J’en ai jamais entendu parler, est-ce que tu es sûre que c’est un pays ? » c’était toujours des allers-retours avec ce genre de questions. Plus tard, je leur disais que j’étais Chinoise, mais ils et elles me disaient que mon nom n’était pas chinois et que je n’avais pas l’air chinoise. « D’accord, Monsieur je-sais-tout. Je viens en fait de Turquie », leur disais-je. L’origine de mon nom est turque, alors pourquoi pas ? Mais, une fois de plus, ils et elles revenaient avec des réponses comme : « Quoi, Turque ? Mais tu as de petits yeux asiatiques, comment pourrais-tu être Turque ? ». Après quelques années de ça, j’ai abandonné. Aujourd’hui, je dis simplement aux gens que je suis Norvégienne mais que mon origine est ouïghoure. Je reste attachée à ma culture, ma langue et mes traditions, cependant j’ai renoncé à expliquer aux gens toute l’histoire car cela prend du temps et qu’en plus, la plupart du temps, les gens ne me prennent pas au sérieux lorsque je leur parle de la situation en Chine.

There is one thing I really appreciate and that is how my grandparents were smart enough to send most of their children out to study abroad, if that wasn’t the case I would not be here today to tell you about the misfortune that my people is facing. I appreciate that the Uyghur community is only growing and that I don’t feel so alone in a foreign country where people don’t share the same religion, language, or culture as me. However, I hope that one day I’ll have a country to call mine.

Il y a une chose que j’apprécie vraiment, c’est que mes grands-parents ont eu l’intelligence d’envoyer la plupart de leurs enfantes étudier à l’étranger ; si ce n’était pas le cas, je ne serais pas ici aujourd’hui pour vous parler du malheur auquel mon peuple fait face. J’apprécie que la communauté ouïghoure ne fasse que croître et que je ne me sente pas si seule dans un pays étranger où les gens ne partagent pas la même religion, la même langue ou la même culture que moi. Cependant, j’espère qu’un jour, j’aurai un pays que je pourrai appeler le mien.

Cette discussion avec Meryem n’aurait été possible sans la précieuse aide d’Eleanor J. Hart, qui m’a permis de joindre des communautés ouïghoures en Norvège.

Références :

FORBES, Andrew D. W.(1986). Warlords and Muslims in Chinese Central Asia : a political history of Republican Sinkiang 1911-1949. p. 100-20.

MILLWARD, J. A.(2021). Eurasian Crossroads : A History of Xinjiang, Revised and Updated. Columbia University Press. ; accessible en archive ; pour comparaison, voir l’édition originale de 2007.

PERDUE, Peter C. (2005). China Marches West : The Qing Conquest of Central Eurasia. Cambridge : Harvard University Press, Belknap Press.

ROBERTS, Sean R. (2020). The war on the Uyghurs : China’s internal campaign against a Muslim minority. Princeton studies in muslim politics. Princeton : Princeton University Press.

ZENZ, Adrian (2020). Sterilizations, IUDs, and Mandatory Birth Control : The CCP’S Campaign to Suppress Uyghur Birthrates in Xinjiang. Washington : The Jamestown Foundation.
ISBN : 978-1-7352752-9-1.

Articles :

CHUNG, Chien-peng (2018). « Evaluating Xinjiang and Tibet as “Internal Colonies” of China : Evidence from Official Data ». Journal of Ethnic and Cultural Studies, 5(2) : 118-139.

FERGUS, Ryan, CAVE, Danielle, & RUSER, Nathan (2018). « Mapping Xinjiang’s ‘re-education’ Camps. Australian Strategic Policy Institute, 1er novembre 2018.

HART, Eleanor J., avec les contributions de FINLEY, Jo Smith, MOSES, Dirk, ROSENBERG, Erin Farrell & ZENZ, Adrian (2022). Génocide ouïghour : l’émergence d’un consensus scientifique, 28 juillet 2022, site de l’Institut ouïghour d’Europe ; la version abrégée de cet article publiée sur le média AOC.

HART, Eleanor J. (2021). « Ils ont dit qu’ils nous garderaient là jusqu’à 50 ans, jusqu’à ce que la nation entière, Kazakhs, Ouïghours, et autres nationalités musulmanes aient disparu ». Site de l’Institut ouïghour d’Europe, p. 2.

LEIBOLD, James (2019). « Surveillance in China’s Xinjiang Region : Ethnic Sorting, Coercion, and Inducement ». Journal of Contemporary China, mai, 1‑15.

LEMON, E., JARDINE, B. et HALL, N. (2022). Mondialisation de la persécution des minorités : la répression transnationale des Ouïghours par la Chine. Mondialisations, 20(4), 564-580.

UHRP (2019). Detained and Disappeared : Intellectuals Under Assault in the Uyghur Homeland. Accessible sur le site de l’Uyghur Human Rights Project :

UHRP (2021). The Disappearance of Uyghur Intellectual and Cultural Elites : A New Form of Eliticide. Accessible sur le site de l’Uyghur Human Rights Project.

XU, Vicky Xiuzhong, CAVE, Danielle, LEIBOLD, James, MUNRO Kelsey & RUSER, Nathan. « Uyghurs for sale ». Australian Strategic Policy Institute’s International Cyber Policy Centre. voir aussi ici

ZENZ, Adrian, & LEIBOLD, James (2017). « Chen Quanguo : The Strongman Behind Beijing’s Securitization Strategy in Tibet and Xinjiang », China brief 17 (12).

ZENZ, Adrian (2019a). « Brainwashing, Police Guards and Coercive Internment : Evidence from Chinese Government Documents about the Nature and Extent of Xinjiang’s “Vocational Training Internment Camps” ». Journal of Political Risk 7 (7).

ZENZ, Adrian (2019b). « Break Their Roots : Evidence for China’s Parent-Child Separation Campaign in Xinjiang ». Journal of Political Risk 7 (7). ; accessible en version française

ZENZ, Adrian (2019c). « ‘Thoroughly Reforming Them towards a Healthy Heart Attitude’ : China’s Political Reeducation Campaign in Xinjiang ». Central Asian Survey, 38 (1) : 102‑28.

ZENZ, Adrian (2019d). « “Wash Brains, Cleanse Hearts” : Evidence from Chinese Government Documents about the Nature and Extent of Xinjiang’s Extrajudicial Internment Campaign ». Journal of Political Risk 7 (11), novembre 2019.

Presse :

BOURSIER Hugo (collectif Focus) & Photo : SOUICI Sadak (Le Pictorium). « En France, les Ouïghours suivis à la trace » Enquête. Dans le dossier « La répression des Ouïghours en Chine ». Libération. 3 novembre 2019.

FOLLOROU, Jacques & LEPLÂTRE, Simon (2024). « Des fonctionnaires chinois à la manœuvre en France contre des dissidents ». Le Monde, 18 mai 2024, modifié le 20 mai 2024.

HARRIS, Rachel (2019). « Cultural Genocide in Xinjiang : How China Targets Uyghur Artists, Academics, and Writers ». The Globe Post, 17 janvier 2019.

LASSERRE YOUSAFSAÏ, Sylvie (2018). « Chine : l’élite ouïghoure décapitée au Xinjiang ». Asyalist, 19 octobre 2018.

RAMZY, Austin (2019). « La Chine cible d’éminents intellectuels ouïghours pour effacer une identité ethnique » [China Targets Prominent Uighur Intellectuals to Erase an Ethnic Identity]. The New York Times, 5 janvier 2019.

Recommandations musicales :

Sont accessibles via Internet des performances des trois artistes de renom dont je fais mention plus haut :

  • Sanubar Tursun interpète « Nisagul », titre de son album Arzu réalisé en 2013.

AYUP, Ablajan Awut (2015). « Ana yurt ». Chaîne YouTube d’Ablajan Awut Ayup.

TURSUN, Sanubar (2017). « Nisagul », de l’album Arzu (Songs of the Uyghurs). Felmay. Réalisé le 28 mai 2013.

HEYIT, Abdurehim (2015). « Uçraşkanda (Karşılaşınca) », extrait du concert d’Abdurehim Heyit [Abdurehim Heyit Konseri], dans le cadre de la Conférence internationale sur les études ouïghoures [Uluslararası Uygur Araştırmaları Konferansı], 18 décembre 2015. Université Gazi [Gazi Üniversitesi Türkiyat Uygulama ve Araştırma Merkezi] en collaboration avec l’Agence turque de coopération et de coordination [Başbakanlık Türk İş Birliği ve Koordinasyon Ajansı Başkanlığı]. Chaîne YouTube de Gazi Türkiyat.