Les murs frontaliers ne cessent de se multiplier comme le montre cette petite infographie et cette grande carte, réalisées en collaboration avec Courrier international.
Mais il en est un qui, chaque année à Noël, prend une dimension particulièrement symbolique : le mur en Palestine.
Tellement symbolique d’ailleurs, qu’il en est devenu l’emblème d’une conférence chrétienne annuelle organisée à Bethléem et promue par l’International Christian Embassy Jerusalem :
Guy Delisle, dans ses superbes Chroniques de Jérusalem avait d’ailleurs bien résumé l’idée :
L’art, et particulièrement l’art graphique, a fait son chemin sur les murs, au point de faire désormais l’objet d’articles scientifiques et d’ateliers.
Dans le cadre du festival Bethlehem Unwrapped, un mur de 8 mètres de haut a ainsi été construit en janvier 2014, face à l’Église St James, à Piccadilly à Londres.
À Bethléem, c’est Noël qui alimente la production artistique sur le thème du mur, comme les fresques et graffitis ou les crêches vivantes :
En 2012, Banksy, l’auteur des mémorables fresques peintes en 2005 et 2007 sur les murs de Bethléem, a créé cette carte postale qui fait, tous les ans, le tour des réseaux sociaux lors des fêtes des fin d’année, et qui donne une représentation d’un Bethléem très contemporain :
Cette image a d’ailleurs été reprise de manière assez ironique aux États-Unis dans le cadre d’une campagne d’affichage menée par l’ONG « If Americans Knew » :
Et c’est peut-être grâce à Banksy que le mur appartient désormais à la « mythologie subversive de la Nativité ».
Les petites crèches traditionnelles construites en bois intègrent désormais le mur, comme celles réalisées en bois d’olivier par la famille Anastas et par un artiste palestinien de Beit Sahour
Depuis, les caricaturistes ont largement repris la thématique comme Lalo Alacaraz ou Khalil Bendib.
Dans ce domaine, le travail du dessinateur britannique Polyp est unique :
D’autres cartoonistes utilisent la force du mur lui-même pour rendre compte de sa réalité. La scène est plus spectaculaire, « dramatisée » dans le sens propre du terme :
Ce qui est sans doute le plus dérangeant, c’est que le mur appartient maintenant à l’univers des cartes de vœux. Même si cela reste ironique, il s’inscrit progressivement et inexorablement dans l’imagerie populaire. Si l’ironie s’efface pour laisser la place à l’art, cela correspond implicitement à une certaine forme d’acceptation.
Mais si on doit en rire, il reste la version païenne. Moins triste, et tout aussi réelle :
Le mot de la fin, ce sera le mur lui-même qui le donnera...
Parce que les murs finissent toujours par tomber.