Je cherche à retranscrire ma flânerie à pied, guidée par le chant des oiseaux et les appels des enfants.
J’ai marché jusqu’à me laisser happer par des groupes d’oiseaux, m’attardant surtout là où plusieurs espèces cohabitaient.

Je me suis volontairement perdu dans les nœuds de la ville, curieux de savoir si je parviendrais à me concentrer au milieu du tumulte.
En somme, je marche, et ne m’arrête que lorsque quelque chose me trouble, un chant, un cri, une présence sonore qui m’attire.
Ma manière de représenter cette errance prend la forme d’un plan : un tracé linéaire dont l’intensité varie selon les événements qui jalonnent mon passage.
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Les oiseaux, comme les enfants, ont ce ricanement complice qui tranche l’air sans se soucier de qui cela pourrait déranger. Ils sont libres de remplir le vide entre les immeubles avec ces cris qu’on leur reconnait. Comment un si petit corps peut-il émettre autant de bruit, un moineau plus petit que notre paume pépier comme le plus puissant des sifflets.

Ils crient comme crient les enfants dans une cour de récréation.
Souvenez-vous de pourquoi vous criiez à pleins poumons : pour faire respecter les règles d’un jeu, pour rire nerveusement tout en étant poursuivis, pris entre l’excitation de fuir et la peur d’être attrapés.

On criait de joie, simplement parce qu’on était dehors. Nous vivions alors intensément, jusqu’à en perdre haleine.
Et si, devenus adultes, nous ne le faisons plus, les oiseaux, eux, vivent toute leur vie ainsi.
Je me dis que les enfants sont des oiseaux, ou peut-être les oiseaux sont-ils des enfants restés libres.
Pourquoi est-ce que je cherche ces rires dans la ville ?
Certainement parce que ce sont les derniers sons de liberté qui me rendent heureux, au cœur du tumulte moderne dont les bruits me contrarient. Parce que je ne serai jamais un oiseau, et plus jamais un enfant.
En cherchant l’oiseau, j’ai trouvé le ciel.
En cherchant l’enfant, je me suis souvenu de pourquoi je riais.
