Les méchantes et les méchants (France)
| Titre : | Même les méchantes rêvent d’amour : 2e arrondissement de Paris, ce que me disent les mots des palissades |
|---|---|
| Photo : | Philippe Rekacewicz, décembre 2014 |
| Mots-clés : | #photographie #paris #poésie #France |
| Géolocalisation : | 48.8652056 N, 2.3470223 E |
| Licence : | creative commons CC BY-NC-ND |
Soyons honnête, une de ces deux photos est trafiquée. Le tagueur ou la tagueuse qui n’écrit pas encore (mais ça viendra sans doute un jour) en forme épicène n’a donc pas pensé, ici, au point médian, et je me suis dit, au fond, « Y a pas de raison, chacune sa phrase. »
On nous invite ici à prendre de la distance, à chercher au fond de nous le fond de bienveillance qui nous reste. On nous invite peut-être à comprendre que les méchantes ne le sont pas vraiment, que l’acte de méchanceté est à percevoir comme une sorte d’appel au secours, comme l’expression d’un traumatisme ou d’une frustration. Comment répondre alors à cette main que l’on nous tend ?
Je pardonnerai peut-être ta méchanceté si je comprends ce qu’il y a derrière, ce que j’ai fait qui a pu te heurter, ce que tu n’as pas compris et mal interprété, ce que tu crois et qui n’est pas dans le réel, et qui pourtant a déclenché ta rage et ton emportement.
Peut-être qu’on essaye de nous dire que la méchanceté est l’acte ultime quand on ne pense à aucune autre action pour exprimer la colère, pour dire qu’on a été blessée, qu’on s’est sentie trahie et qu’au fond, derrière ce masque, il y a de le sensibilité, du désespoir, l’attente de la considération et de l’amour qui tarde à venir. Derrière la figure du ou de la méchante, il y a un être humain et un cœur, avec sans doute des bribes d’espoirs.
On peut toujours rêver.