Véloparade à Grenoble sur les traces de femmes remarquables

#femmes #toponymie #odonymie #Grenoble

5 novembre 2025

 

Une véloparade organisée à Grenoble le 8 mars 2025 par l’association ADTC - Se déplacer autrement a été l’occasion de découvrir quelques (trop rares) rues dédiées à des figures féminines. Visionscarto vous invite à reparcourir l’itinéraire emprunté par un groupe de cyclistes en mixité chosie pour découvrir ces femmes qui composent le paysage odonymique grenoblois, très majoritairement masculin. C’était l’occasion de retracer la biographie de femmes connues — Louise Michel, Malala Yousafzai, Joséphine Baker — mais aussi de femmes invisibilisées, malgré leur engagement dans des domaines variés tels que la musique, la presse, la Résistance ou la lutte pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse.

Texte : Association ADTC - Se déplacer autrement de Grenoble

 
 

Coordination éditoriale et photos : Cristina Del Biaggio
PNG - 256.3 kio
Affiche de la Véloparade du 8 mars 2025
organisée par l’association
ADTC - Se déplacer autrement.

Le 8 mars 2025, à l’occasion de la journée internationale des luttes des droits des femmes, l’association grenobloise ADTC - Se déplacer autrement a donné rendez-vous à ses sympathisantes devant l’atelier du p’Tit vélo dAnS La Tête, une association qui accompagne les usagers et usagères du vélo vers l’autonomie dans l’entretien et la réparation de bicyclettes.

C’était le lieu de départ d’une « véloparade » en mixité choisie (sans hommes cis), dont l’itinéraire a été soigneusement préparé par une poignée de bénévoles, dans le but de faire découvrir aux participantes des figures féminines remarquables honorées dans les noms de certaines rues.

Notre proposition : vous emmener avec nous, en texte et en images, pour (re)mettre en lumière les figures féminines rencontrées au fil de la balade. Les textes sont reproduits dans un style parlé, tels qu’ils ont été lus à chaque étape de la véloparade.

JPEG - 3.4 Mio
L’itinéraire de la Véloparade présenté par une bénévole de l’association ADTC - Se déplacer autrement
Photo : Cristina Del Biaggio

Suzanne Roussi, dite Suzanne Césaire

JPEG - 4.9 Mio
Rue Suzanne Roussi-Césaire
Photo : Cristina Del Biaggio

Elle est née en 1915 en Martinique.

Fille d’une institutrice et d’un ouvrier, elle épouse en 1937 l’écrivain et homme politique Aimé Césaire (il et elle auront six enfants). Elle est enseignante au lycée Schoelcher. Avec lui et le philosophe et essayiste René Menil, elle cofonde une revue, Tropiques, qui entend valoriser le surréalisme, ainsi que la culture et la littérature noire-africaine et caribéenne ; anticolonialiste, elle sera interdite par le régime de Vichy, car jugée subversive. eEle n’est pas juste une petite contributrice : Suzanne, en charge de l’impression, y écrit sept articles.

De 1945 à 1949, la famille Césaire s’installe au Petit Clamart dans les Hauts-de-Seine, avant de retourner en Martinique en 1949.

Suzanne écrit une pièce de théâtre - Youma aurore de la liberté - dont le texte s’est malheureusement perdu.
En 1952 elle est à nouveau en métropole, à Sèvres, où elle enseigne au lycée technique.

Elle participe à l’Union des Femmes Françaises (UFF), une association féministe (qui existe toujours, sous le nom de Femmes solidaires).

Elle se sépare d’Aimé Césaire en 1963, et meurt en 1966 dans les Yvelines d’un cancer, à seulement 51 ans.

Nous avons choisi de vous parler de Suzanne Césaire car trop peu de rues portent des noms de femmes ; et ne parlons pas des femmes racisées ! Nous avons pensé que c’était une bonne manière de commencer notre parcours.

Cette impasse porte son nom depuis 2023.


Sources :

Louise Drevet née Marie-Louise Chaffanel

JPEG - 4.5 Mio
Rue Louise Drevet
Photo : Cristina Del Biaggio

Elle est née en 1835 à Grenoble. C’est une figure locale.

Romancière, aimant la littérature, née dans une famille bourgeoise dauphinoise, elle épouse Xavier Drevet. Et en 1864, ensemble, il et elle lancent la revue Le Dauphiné, qui n’est pas l’ancêtre du Dauphiné libéré,mais une revue littéraire. Xavier Drevet est éditeur, alors que Louise écrit et publie sous le pseudonyme de Léo Ferry. En parallèle, elle écrit des romans sous son propre nom.

JPEG - 7.8 kio
Potrait de Louise Drevet
Wikimedia commons

Son œuvre est largement centrée sur le Dauphiné, elle a notamment retranscrit nombre de contes et légendes de tradition orale.

À l’époque, elle bénéficie d’une certaine reconnaissance. Elle est élue membre de la Société des gens de Lettres et officier de l’Instruction civique.
On la surnomme la « Walter Scott Grenobloise ».
Elle meurt à Grenoble en 1898, à l’âge de 62 ans.

Elle a largement contribué à populariser la culture dauphinoise. D’après les fichiers de la ville, cette rue porte son nom depuis 1911.


Sources :

Louise Collomb

JPEG - 3.9 Mio
Rue Louise Collomb
Photo : Cristina Del Biaggio

C’est la fille d’un couple de Français qui travaille dans l’hôtellerie. Louise Rosnoblet est née à Londres en 1889. Elle y a vécut jusqu’à l’âge de 17 ans.

Elle épouse un cuisinier, Jacques Collomb, à Paris en 1921. Il et elle auront deux enfants, Robert et Jacqueline. C’est en 1933 qu’il et elle reprennent le café Le Comptoir Lyonnais qui se trouve 63, avenue Alsace Lorraine.

Dès 1939, la famille Collomb s’engage dans la Résistance, et il et elle rejoignent rapidement le mouvement Combat. Le café sert de plaque tournante pour le mouvement. On y imprime des tracts, on y échange du courrier, on y tient des réunions.

Louise joue un rôle crucial de messagère et d’« approvisionneuse » de faux papiers à des personnes qui souhaitent fuir : Juifs et Juives, opposantes à Vichy, aviateurs anglais abattus en France, etc. La famille les aide à passer en Suisse.

En octobre 1942, toute la famille se retrouve au commissariat, suite a l’arrestation de Marie Reynoard. Mais Madame Collomb ment avec beaucoup de sang froid, et Marie Reynoard, alias Claude, n’a rien dit. Aucun document n’a été trouvé lors de la perquisition du café. Il et elle sont relâchées, sauf Marie qui le sera après huit mois de détention. Elle tombera aux mains de la Gestapo en 1943.

Un soir de juillet 1944, alors que les cafés sont fermés depuis plusieurs jours, Louise a un mauvais pressentiment. Vers minuit, une voiture arrive en trombe ; quatre hommes débarquent, forcent la porte du café, et fouillent la salle. C’est la Gestapo. L’un d’eux hurle dans la cour « famille Collomb, descendez ! ». Le boulanger, Monsieur Perronier, se penche par la fenêtre de son appartement, et explique à la Gestapo que les Collomb ne dorment plus là depuis que le café est fermé (ce qui est faux, ils sont là au deuxième étage, il ment pour les protéger). Et pendant que les Allemands contrôlent ses papiers, le couple Collomb et leur fille quittent leur appartement pour se cacher dans celui d’une voisine âgée dont Madame Collomb s’occupait.

Le fils Collomb, qui à ce moment-là a rejoint le maquis de l’Oisans, croira pendant plusieurs jours que sa famille a été capturée avant d’apprendre qu’elle a finalement pu fuir. Grâce a la solidarité de leurs voisines, la famille quitte la ville, et ne reviendra qu’à la Libération.

Il et elle tiendront le café jusqu’en 1953. Louise est décédée en 1958.

Cette rue porte son nom depuis 2005.

Louise Collomb, c’est la résistance du quotidien. C’est Madame Tout-le-monde. Mais tous les témoignages montrent qu’elle avait beaucoup d’aplomb et un immense courage.


Sources :

Philippe de la Tour du Pin de La Charce, plus connue sous le nom de Philis de La Charce

JPEG - 7 Mio
Statue de Philis de La Charce
Photo : Cristina Del Biaggio
JPEG - 55.4 kio
Potrait de Philis de La Charce
Wikimedia commons

Qui savait que cette statue représentait une femme ?

Elle est née en 1645 à Montmorin, dans les Hautes-Alpes.

Originaire d’une éminente famille de la noblesse du Dauphiné, elle est la fille de Pierre III de la Tour du Pin-Gouvernet — marquis de La Charce, comte de Montmorin, et lieutenant général des armées royales du Dauphiné — et de Catherine Françoise de La Tour du Pin-Mirabel, née de Montmorin.

En 1692, lorsque le prince Victor-Amédée II envahit le Dauphiné pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, elle aurait, selon la légende, organisé la résistance populaire aux troupes de Victor-Amédée II et c’est à cheval et l’épée à la main qu’elle aurait libéré Gap, le Diois et les Baronnies, à la tête d’une armée de paysans.

Bon... Les historiennes contestent cette version. En gros, elle aurait défendu ses terres, puis ça aurait été monté un peu en épingle, et on lui aurait attribué les faits d’arme d’un autre.
Pour une fois que c’est dans ce sens, on va pas s’en plaindre !

Elle meurt à Nyons en 1703.

La statue est là depuis 1913. En fait, c’est la ville de Nyons qui l’avait commanditée, mais quand elle a été livrée ils n’avaient pas assez d’argent pour la payer. Le sculpteur, Daniel Campagne, l’a donc proposée à Grenoble.

Une rue de Grenoble porte son nom depuis 1888, en plein centre : c’est une rue piétonne parallèle à la place Grenette, et c’est probablement l’une des premières rues de la ville qui fut nommée d’un patronyme féminin.


Sources :

Georgette Agutte, dite aussi Georgette Agutte-Sembat

JPEG - 4.5 Mio
Boulevard Agutte Sembat
Photo : Cristina Del Biaggio

Qui sait que Agutte Sembat était une femme ? Presque personne ! C’est pourtant bien une femme qui a donné le nom au boulevard (Georgette) Agutte-Sembat.

Elle est née en 1867 à Paris. C’est la fille d’un peintre. Son père décède avant sa naissance, et sa mère se remarie avec un négociant en métaux, donc a priori d’origine plutôt bourgeoise.

Elle étudie d’abord la sculpture. Puis épouse en 1888 un critique, Paul Flat, qui la met en contact avec des peintres. Elle décide de suivre l’École nationale des beaux-arts en auditrice libre (parce que oui, à l’époque, ça n’est pas officiellement ouvert aux femmes). Elle est notamment la première femme a être admise au cours de Gustave Moreau.

En 1894 elle divorce, ce qui n’était pas courant à l’époque dans son milieu bourgeois. Elle se remarie en 1897 avec Marcel Sembat (avocat, journaliste, mécène d’artistes, puis député pour la Section française de l’Internationale ouvrière — la SFIO).

Elle signe ses œuvres « Agutte », son nom de jeune fille.

Georgette peint beaucoup, elle nous a laissé plus de 800 œuvres. Elle expose. Elle appartient au mouvement postimpressioniste et fauviste.
À l’époque on dit d’elle qu’elle « peint comme un homme » (comme si une femme ne pouvait pas juste peindre !).

Georgette et Marcel voyagent beaucoup, il et elle sont presque toujours ensemble. Et elle peint partout...

À Chamonix, en 1922, son conjoint meurt d’une hémorragie cérébrale, et elle décide, très peu de temps après, de mettre fin à ses jours en laissant un mot qui se termine par :

Voilà douze heures qu’il est parti. Je suis en retard. »

Elle avait 55 ans.

Georgette Agutte-Sembat n’était pas seulement une peintre, c’était aussi une collectionneuse d’art. Et dans ses dernières volontés elle a indiqué qu’elle souhaitait léguer sa collection à un musée de province. C’est le Musée de Grenoble qui en a hérité.

Pourquoi rencontrer Georgette Agutte-Sembat sur notre parcours aujourd’hui ? Parce que c’est le seul boulevard à Grenoble qui, à notre connaissance, porte (depuis 1924) le nom d’une femme.

Est-ce un boulevard qui célèbre Madame Agutte et Monsieur Sembat ? Eh bien non ! La liste des rues de Grenoble indique bien dans l’origine de la dénomination « Mme Georgette Agutte-Sembat, peintre et collectionneuse d’art »...


Sources :

Suzanne Buisson, née Suzanne Levy

JPEG - 6.2 Mio
Rue Suzanne Buisson
Photo : Cristina Del Biaggio

Elle est née en 1883 à Paris.

Voici encore une résistante. Suzanne, c’est une militante de la première heure. Née dans une famille modeste, elle a grandi à Dijon. À 16 ans elle trouve du travail a Paris et fréquente l’Université populaire.

Son premier mari décède en 1914 pendant la Première Guerre mondiale. Elle se remarie en 1926 avec George Buisson, un des dirigeants de la CGT.

Pour vous donner une idée de ce dont on devait parler à l’époque aux repas de famille, George Buisson fait partie des personnes considérées comme membres fondateurs de la sécurité sociale. Suzanne, quant à elle, milite — depuis qu’elle a 22 ans — au sein du Comité national des femmes socialistes (une organisation interne de la Section française de l’Internationale ouvrière, SFIO). Elle s’intéresse à la place de la femme dans la société et elle a écrit à l’époque :

affranchir les femmes de toutes les servitudes domestiques, et faire d’elles des êtres indépendants sentimentalement, économiquement et intellectuellement. »

Puis la Seconde Guerre mondiale éclate. En 1940, avec son mari, elle se réfugie à Lyon, et il et elle rejoignent des mouvements de résistance. Suzanne cofonde le Comité d’action socialiste (un mouvement de résistance, dont elle est une des dirigeantes). En 1941 elle devient agent de liaison entre zone occupée et zone libre. Elle est responsable des relations avec le parti communiste français.

Elle est malheureusement arrêtée en avril 1944. Elle sera emprisonnée puis déportée d’abord a Drancy, puis à Auschwitz, où on perd sa trace. On considère qu’elle est décédée en juillet 1944.


Sources :

Annie Ferrey-Martin née Annie Kohn ou Cohen

JPEG - 5.2 Mio
Graffiti représentant quatre femmes - Anne Ferret-Martin, Malala Yousafzai, Joséphine Baker et Louise Michel - sur la façade de la Maison des Habitantes Abbaye
Photo : Cristina Del Biaggio

Née en 1936 à Paris de parents médecins, elle étudie à Paris et devient médecin anesthésiste. Elle se marie et a deux enfants, travaille quelques temps à Alger.
À partir de 1966 elle exerce à l’hôpital universitaire de Grenoble. En plus de sa fonction d’anesthésiste, elle y anime des groupes de parole sur la contraception.

Elle est proche de Gisèle Halimi et initie l’antenne grenobloise du mouvement Choisir (à l’époque c’est un mouvement qui milite pour la dépénalisation de l’avortement).

Ils et elles décident de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse (IVG), et, en 1972, Annie se rend à Londres pour se former et rapporter du matériel pour pratiquer les IVG.

Elle fait partie des signataires du Manifeste des 331 médecins déclarant avoir pratiqué des avortements, publié en février 1973 dans Le Nouvel Observateur.

À l’époque l’antenne de Choisir se situait à proximité du Planning familial. Lors des consultations, quand une femme souhaitait avorter, on l’envoyait en Angleterre si elle en avait les moyens. Ou à l’antenne de Choisir. Les IVG se faisaient dans un appartement de la Galerie de l’Arlequin à La Villeneuve. Les autorités — notamment la gendarmerie de Grenoble — étaient au courant mais fermaient les yeux.

En mai 1973, ce sont les gendarmes d’Eybens qui arrêtent la Dr. Ferrey-Martin et perquisitionnent l’appartement de l’Arlequin et le Planning familial (ils enquêtaient sur une affaire de détournement de mineure qui s’est conclu par une IVG).

L’affaire fait beaucoup de bruit et c’est Gisèle Halimi qui a défendu Annie Ferrey-Martin. Un non-lieu est prononcé en 1976. La loi Veil « relative à l’interruption volontaire de la grossesse » a été votée en 1975.

Annie Ferrey-Martin se réoriente ensuite vers la psychiatrie, et, en 1978, elle intervient comme témoin lors d’un procès en soutien de syndicalistes d’une usine de lingerie, pour mettre en évidence la souffrance au travail des ouvrières.

Elle meurt en 1980 à 43 ans.

Annie Ferrey-Martin est l’une des grandes figures de la lutte pour le droit à l’IVG et à la contraception. Elle représente un pan important de l’histoire grenobloise : Il faut savoir que c’est ici qu’a été implanté en 1961 le premier Planning familial en France.


Sources :

Malala Yousafzai

JPEG - 147.6 kio
Malala Yousafzai en 2013
credit

On est un peu hors sujet car elle n’a pas encore de rue à son nom à Grenoble, mais Malala c’est la relève !

Née en 1997 au Pakistan, elle est la fille d’un enseignant qui a créé une école pour filles.
Elle se fait connaître en 2009, à 11 ans, par son témoignage intitulé « Journal d’une écolière pakistanaise » (Diary of a Pakistani schoolgirl), sur un blog de la BBC.

Avec sa famille elle se bat pour que les filles aient droit à l’éducation.

En 2012, elle a été la cible d’une tentative d’assassinat menée par les talibans pakistanais. Gravement blessée d’une balle dans la tête, évacuée, elle est opérée en urgence, puis sera transférée a Birmingham escortée par des militaires pakistanais.

En Angleterre, où elle et sa famille s’installent par la suite, elle continue de porter la voix de toutes celles qui militent pour un accès à l’instruction, quels que soient leur origine, leur religion, leur pays.

Elle reçoit le prix Nobel de la paix en 2014, et devient « Messagère de la paix » pour les Nations Unies en 2016.

Elle n’a pas de rue à son nom, mais cela aurait été dommage de ne pas parler d’elle alors que son visage est représenté sur la fresque à côté d’Anne Ferret-Martin, Joséphine Baker et Louise Michel.


Sources :

Joséphine Baker

JPEG - 44.4 kio
Josephine Baker
credit

Il est difficile de résumer la vie de Joséphine Baker.

Joséphine est née Freda Josephine McDonald aux États-Unis, à St. Louis en 1906, dans une famille pauvre, et dans un pays et à une époque où il est très difficile d’être Noire. Elle vient d’une famille de danseurs et musiciens.
Elle rejoint une troupe, et part en tournée dès l’âge de 13-14 ans.

Elle se marie, se remarie... Puis débarque a Broadway à 16 ans, s’obstine face aux refus, et est finalement admise dans une troupe de comédie musicale.

Survient alors un tournant majeur : sa rencontre avec une femme « mondaine », l’épouse d’un attaché commercial à l’ambassade américaine à Paris, qui lui propose de la suivre en France et de monter un spectacle dont elle serait la vedette.

En 1925, Joséphine a 19 ans. À Paris, c’est le succès de la revue Nègre (le charleston, la ceinture de banane...).

Paris est une révélation, elle dira :

Un jour, j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être Noire. C’était un pays réservé aux Blancs. Il n’y avait pas de place pour les Noirs. J’étouffais aux États-Unis.

S’ensuit une période assez faste. Beaucoup de succès. Elle danse, puis chante et fait du cinéma. Bref, c’est une star.

Elle acquiert la nationalité française en 1937 en se mariant avec un industriel négociant en sucre. En 1939, la guerre éclate, la période est assez trouble. On sait qu’elle a travaillé pour le contre-espionnage français, notamment en collectant des informations lors des soirées mondaines et en passant des documents lors de ses tournées. Elle a été aussi infirmière pour la Croix-Rouge, et chanté pour soutenir les soldats.

Après la guerre, tout en continuant à chanter et en étant une égérie de la haute couture, elle milite pour la cause des Afro-Américaines et contre l’apartheid en Afrique du Sud.

Suite à des complications médicales, elle doit subir une hystérectomie et ne peut donc pas avoir d’enfants. Qu’à cela ne tienne ! Elle en adopte une douzaine d’origines diverses qu’elle appelle sa « tribu arc-en-ciel ».

À la fin de sa vie, criblée de dettes, elle est soutenue par ses amies. Elle remonte sur scène jusqu’à la fin de sa vie, et meurt d’une hémorragie cérébrale au lendemain d’une représentation.

Joséphine, c’était une femme libre. On lui a reproché de relayer un imaginaire colonial exotique, mais c’est aussi une image avec laquelle elle jouait beaucoup. Elle a eu cinq maris, un certain nombre d’amantes, hommes et femmes.

Le Jardin des Plantes de Grenoble porte aujourd’hui son nom.


Sources :

Louise Michel

JPEG - 131.1 kio
Louise Michel
credit

Elle est née en 1830.

Institutrice, écrivaine, militante anarchiste, franc-maçonne française aux idées féministes et l’une des figures majeures de la Commune de Paris durant laquelle elle s’implique tant politiquement que militairement en intégrant les rangs de la Garde nationale. Elle est aussi une des représentantes les plus célèbres du rôle joué par les femmes dans la Commune de Paris.

Préoccupée très tôt par l’éducation, elle enseigne quelques années avant de se rendre à Paris en 1856. À 26 ans, elle y développe une importante activité littéraire, pédagogique et politique, et se lie dès les années 1860 avec plusieurs personnalités révolutionnaires blanquistes de Paris.

En 1871, elle participe activement aux événements de la Commune de Paris, autant en première ligne qu’en soutien. S’étant livrée en mai pour faire libérer sa mère, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie, où elle se convertit à la pensée anarchiste. Elle revient en métropole en 1880 dans le cadre de l’amnistie des communardes, et, très populaire, elle multiplie les manifestations et réunions en faveur des prolétaires. Elle reste surveillée par la police et est emprisonnée à plusieurs reprises, mais poursuit son militantisme politique dans toute la France, jusqu’à sa mort à l’âge de 74 ans à Marseille.

Elle reste une figure révolutionnaire et anarchiste de premier plan dans l’imaginaire collectif. Première à arborer le drapeau noir, elle popularise celui-ci au sein du mouvement libertaire. Elle est aussi une précurseuse de la question du bien-être animal, dénonçant notamment l’exploitation des bêtes de somme, en parallèle de celle des êtres humains.

Une rue de Grenoble porte son nom, justement située tout près du « lycée Louise Michel ».


Sources :

Ninon Vallin

JPEG - 3.9 Mio
Passage Ninon Vallin
Photo : Cristina Del Biaggio
JPEG - 59 kio
Portrait de Ninon Vallin
Wikimedia commons

Née a Montalieu-Varcieu en 1886.

Fille d’un clerc de notaire, elle passe son enfance dans les petits villages de l’Isère. En pension à Saint-Laurent-en-Brionnais, on remarque qu’elle a des dispositions pour la musique et le chant. Elle chante en public pour la première fois à 10 ans.

Elle entre au Conservatoire de Lyon (premier prix en 1906), puis à celui de Paris en 1907 (cours de déclamation lyrique).

Elle rencontre Claude Debussy, qui la remarque et lui fait chanter une de ses compositions.

Son premier grand succès est anonyme ! Elle est la doublure de la cantatrice Rose Feart, dans Le Martyre de saint Sébastien, œuvre qui est condamnée par l’archevêque ; la cantatrice se désiste quelques heures avant la première. C’est Ninon qui chante à sa place, sans que les critiques ne soient au courant. C’est un succès... Rose Féart reprend opportunément sa place.

Ninon Vallin poursuit quand même par la suite une belle carrière. Elle a une prononciation impeccable du français, de l’italien et de l’espagnol.

À l’été 1913, elle épouse un entrepreneur italien qu’elle va accompagner dans ses déplacements à l’étranger. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le couple part pour l’Espagne puis pour l’Amérique du Sud, où elle se produit avec beaucoup de succès à Buenos Aires.

Après la guerre, elle revient en Europe et chante sur les scènes européennes : Paris, Milan, Moscou, Kiev... De 1925 à 1931, elle est de retour en Amérique du Sud.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ninon Vallin vit dans sa propriété de La Sauvagère à Millery, petite commune située non loin de Lyon. Elle chante de temps en temps en zone libre.
Elle cache et conserve la bibliothèque musicale de François Lang, un pianiste, collectionneur et mécène qui meurt en déportation. Grâce à Ninon Vallin, ses œuvres ont pu être remises à sa famille.

Après la guerre elle reprend sa carrière avec deux grandes tournées. À la fin de sa vie, elle enseigne la musique. Elle fonde le Conservatoire de musique de Montevideo en Uruguay. Puis elle enseigne la chant à Lyon, jusqu’à sa mort en 1961 a l’âge de 75 ans à Millery.

Ninon Vallin est une artiste iséroise qui a brillé sur les plus grandes scènes du monde.


Sources :